Débats du samedi

Association du quartier Notre-Dame-des-Champs, 92 bis, boulevard Montparnasse, 75014 Paris
De 13h45 à 17h30.

L’implicite

Peut-on parler de l’implicite, parler de ce qui, justement, va sans dire ?
Parler des théories implicites de l’analyste au travail, celles qui l’agitent à son insu, plus qu’il ne les agite sciemment. Par la nécessité de partager notre pratique, nous mettons à l’épreuve ces théories qui nous éprouvent.
Et que dire de l’environnement social, religieux, politique, historique dans lequel la séance prend place, un collectif qui entoure le plus intime, d’autant plus agissant qu’il reste souvent informulé, tissant un même maillage autour des deux protagonistes de la situation analytique ?
Mais l’implicite le plus efficient dans la cure reste sans doute celui qui se déploie à bas bruit dans le transfert, une parole qui s’adresse à l’autre comme à un semblable, ou au contraire à un grand Autre, heurtant dans tous les cas les écueils d’un malentendu aussi périlleux que nécessaire.

2020            
samedi 10 octobre

Débat initialement prévu le 14 mars 2020 dans le cadre « Actuel des névroses »
Anne Homer Koffi
Bertrand Colin
Discussion : Catherine Matha

samedi 12 décembre

Anne-Élisabeth Thiebault
Alexandre Morel
Discussion : Antoine Zuber

2021            
samedi 13 mars

Éric Flame
Sarah Contou Terquem
Discussion : Martine Mikolajczyk

samedi 29 mai

Brigitte Chervoillot Courtillon
Chantal Duchêne González
Discussion : Antoine Machto

Fondation Dosne-Thiers, 27, place Saint-Georges, 75009 Paris
De 13h45 à 17h30.

Actuel des névroses

Cette année le thème développé s’intitule « Actuel des névroses ». La névrose sert-elle encore de référence implicite pour proposer une cure-type ? Comment appelle-rait-on aujourd’hui les « névroses actuelles » de l’époque de Freud ? Il existe plusieurs façons de considérer les limites de l’analysable selon la place accordée à l’agir, au narcissisme, au psychosomatique, au caractère, au traumatique. L’écoute de l’analyste se déplace alors sur une trame théorique modulable, susceptible d’engendrer certains aménagements qui touchent au cadre de la cure, à sa technique, à sa méthode, voire à sa métapsychologie. À se laisser déranger par l’actuel, l’analyste garde-t-il encore un paradigme qui l’éclaire sans l’aveugler ? L’efficace de notre pratique vient se lover dans une maladie artificielle qui répète, dans l’actuel de la séance, les conflits infantiles. Mais comment s’exprime cette névrose de transfert hors de la situation divan-fauteuil ? Dans quelle mesure se laisse-t-elle appréhender dans le jeu avec l’enfant ou dans le psychodrame ? Comment manier les notions de refusement ou de régression face aux patients « en manque », aux souffrances en excès, aux situations dites « inanalysables » ? Dans les psychothérapies comme dans le travail psychanalytique en institution, il y a souvent nécessité de mélanger du cuivre à l’or. Les situations qui dérangent deviennent souvent des occasions inespérées de créativité au-delà du corpus bien tempéré. Toutefois, la crête est étroite entre une trouvaille qui permet le maintien de l’analyse, et une adaptation qui camoufle la plus forte des résistances face au scandaleux du sexuel infantile. Trois samedis seront l’occasion d’exposer ce qui, sur ce thème, met la pensée au travail et ouvre au débat.

2019            
samedi 12 octobre

Brigitte Kammerer
Paule Bobillon
Discussion : Serge Franco

2020            
samedi 18 janvier

Sylvie de Lattre
Marita Wasser
Discussion : François Hartmann

            
samedi 20 juin (report au 10 octobre 2020)

Report au 10 octobre 2020
Anne Homer Koffi
Bertrand Colin (SPP)
Discussion : Catherine Matha

Fondation Dosne-Thiers, 27, place Saint-Georges, 75009 Paris
De 14 heures à 17 heures 15.

Objets de la méthode psychanalytique (2)

Poursuivant l’interrogation de l’an dernier, nous solliciterons sur le même thème de nouveaux points de vue. Si la mise en oeuvre des deux prescriptions freudiennes, règle fondamentale et écoute également suspendue, vise à générer l’associativité de pensée chez le patient et l’analyste, la méthode ainsi définie se heurte vite aux obstacles et aux résistances que rencontre son application. D’où l’exploration progressive et persévérante des objets qu’elle dévoile (le fantasme inconscient et la réalité psychique, le transfert et son agissement, la nature et les destins du pulsionnel) : ils imposent, d’abord chez Freud et jusqu’à la psychanalyse d’aujourd’hui, les remaniements qui signent la fécondité de la métapsychologie.
Ainsi ce dévoilement, soutenu par l’interprétation, la construction et le devinement, est-il toujours un cheminement précaire car ni le souvenir refoulé ni la chose inconsciente ne peuvent être saisis directement : « L’objet de la méthode psychanalytique, ce n’est pas le souvenir déformé mais le travail effectué par la déformation ; ce n’est pas la trace en elle-même mais le tracé, le passage qui ne suit jamais une ligne droite mais bifurque, diverge » (J.-B Pontalis, 1997, Ce temps qui ne passe pas).

2018            
samedi 13 octobre

Anne Robert Pariset
Élisabeth Cialdella Ravet
Discussion : Jean H. Guégan

            
samedi 8 décembre

Felipe Votadoro
Francine Pascal de Mont-Marin
Discussion : Marita Wasser

2019            
samedi 2 février

Gilberte Gensel
Claude Arlès
Discussion : Éric Flame

            
samedi 18 mai

Présentation de travaux de l’ARCC
Sur la croyance (Patrick Merot)

Fondation Dosne-Thiers, 27, place Saint-Georges, 75009 Paris
De 14 heures à 17 heures 30.

Objets de la méthode psychanalytique

Que sont les objets de la méthode ? À partir du renoncement à la suggestion, la mise en œuvre des deux prescriptions de Freud, la règle fondamentale et l’écoute également suspendue, génèrent la pensée associative chez le patient et l’analyste et révèlent la « réalité psychique », c’est-à-dire l’organisation des fantasmes inconscients.
Cependant l’application de la méthode ne garantit pas son effectivité car les objets qu’elle doit affronter et traiter sont autant d’obstacles et de résistances rencontrés : ceux de l’agissement silencieux du transfert et ceux de la destructivité, ceux du refoulement et de la compulsion de répétition. Ces objets imposent les remaniements métapsychologiques qui traversent l’œuvre freudienne et le présent de la psychanalyse.
Ainsi les objets de la méthode ne se dévoilent-ils que par un cheminement : ce sont la construction, le devinement, l’interprétation qui en ménagent pas-à-pas l’accès. Nous le savons bien, ni la représentation inconsciente, ni le souvenir refoulé ne se saisissent comme tels : « L’objet de la méthode psychanalytique, ce n’est pas le souvenir déformé mais le travail effectué par la déformation ; ce n’est pas la trace en elle-même mais le tracé, le passage qui ne suit jamais une ligne droite mais bifurque, diverge. » J.-B. Pontalis, 1997, Ce temps qui ne passe pas.

Chaque samedi-débat donnera lieu à deux exposés, que séparera une pause. Un membre du Comité scientifique assurera la fonction de discutant des exposés, avant la discussion générale.

2018            
samedi 26 mai

 
L’interprétation et sa spécificité en psychanalyse

Quelle est la spécificité de l’interprétation analytique ? Quel est son destin dans le mouvement évolutif de la tradition freudienne dont la Traumdeutung constitue un moment inaugural, et de la théorisation post-freudienne ?
A priori l’interprétation analytique ne participe pas comme dans certaines disciplines à une « explication du monde » et de nombreux arguments l’éloigneraient du champ classique de l’herméneutique.
Sa visée serait alors essentiellement transformatrice nous amenant à en questionner les fondements et la pertinence de son action. Quelle est sa part de redevance à l’inconscient infantile, au langage et au transfert ?
Quelle en serait l’analogie avec l’interprétation hors cure des œuvres culturelles que Freud et certains analystes post freudiens ont pratiqué avec insistance ?

Les participants à cet ARCC se sont réunis à plusieurs reprises, en amont du congrès CPLF 2017 sur lnterpréter, puis dans son après-coup.

Contribueront à ce samedi-débat : Brigitte Eoche-Duval, Jean-H. Guégan, Jocelyne Malosto, et Vladimir Marinov.

samedi 17 mars

 
Sylvie de Lattre
Entre doute et exigence

“Objets de la méthode psychanalytique” : un intitulé aussi concis suscite la perplexité. D’un côté la clarté apparente de la méthode, celle de la libre association. De l’autre la multiplicité de ses objets et la variété de leurs registres. Mais peut-on dissocier la méthode de ses objets ?
Une inquiétude aussi à la lecture de l’argument, car en convoquant l’ensemble ou presque des concepts de la métapsychologie, il constitue une sorte de socle théorique idéal qui creuse l’écart entre notre laborieuse pratique et les références qui devraient la gouverner. Les complications inhérentes à toute cure nous donnent en effet souvent le sentiment que la méthode est mise en échec. Ou plutôt, que c’est de notre échec qu’il s’agit.
Entre l’exigence de théorisation et la fécondité de nos tâtonnements, comment élaborer notre clinique singulière ? Retrouver à notre tour ce qui fonde les découvertes freudiennes, n’est-ce pas un plaisir jubilatoire qui serait au cœur de notre désir d’analyste… Mais comment éviter alors que la métapsychologie ne devienne, à notre insu, un objet de la méthode ?
Entre mise en suspens des évidences et exigence de formalisation théorique, comment préserver cette tension dans notre écoute ?

 

François Hartmann
Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre

Dire ce qui vient. Mais quand ce qui vient dans l’analyse immobilise le processus analytique d’emblée. Quand l’écoute en égal suspens et son corollaire l’association libre sont mis hors circuit par la massivité de l’excitation mobilisée par la situation analytique ?
De la catharsis au recueil des pensées incidentes, de la remémoration à la contrainte de répétition, du partage des tâches aux résistances du moi inconscient, méthode et théorie analytiques se cherchent, s’entrecroisent le long d’un parcours semé de crises et d’avancées.
Dans la cure de Paul, tout était figé. C’est à la faveur d’un travail d’écriture qu’un mouvement de pensée a pu se dessiner. Mouvement délié par l’écriture qui a donné naissance à une mise en représentation des enjeux transférentiels au sein d’une analyse que la paralysie avait saisie.
Penser/écrire, hors séance. Quel est ce patient qui apparaît alors dans la pensée de l’analyste, et quelle étrange écoute lorsqu’en séance un écart se perçoit avec celui du divan.

 

Éric Flame réagira successivement aux deux exposés avant que s’engage pour chacun d’eux la discussion générale.

samedi 3 février

 
Martin Reca
Penser avec Bion quelques objets de la méthode psychanalytique

Wilfred Ruprecht Bion (1897-1978), psychanalyste britannique formé auprès de John Rickman (1891-1951) et de Melanie Klein (1882-1960), s’est particulièrement intéressé à penser la méthode psychanalytique, ses objets. Sa vaste œuvre écrite et son enseignement oral témoignent d’une originalité qui lui vaut aujourd’hui une place d’influence dans la pratique et la théorisation psychanalytique contemporaine. On connaît les « extensions » de la méthode freudienne qu’il a opérées afin de pouvoir l’employer dans une situation de groupe et avec des patients présentant des perturbations psychotiques. À partir de cette expérience clinique, mais aussi des observations des cures plus « classiques », il a développé d’autres « extensions » des outils méthodologiques et formulé des propositions épistémologiques spécifiques à la psychanalyse. La construction, notamment, de sa célèbre « grille » en est un reflet. Plus qu’un remaniement de leur fondement, il semble avoir prôné un renouvellement de la manière de penser les méthodes psychanalytiques – uniquement à partir de l’expérience de la séance. Par là, il nous invite à re-penser l’usage que nous faisons de nos méthodes en chaque circonstance, ce qui revient à garder vivante la rencontre énigmatique avec la réalité psychique, dont Bion fait le modus operandi véritable des transformations.

 

Didier Houzel
De la sérendipité en psychanalyse

Freud, après avoir annoncé en 1910 son projet d’exposer une méthode générale de la psychanalyse dut se contenter tantôt de textes techniques, tantôt de modèles du fonctionnement psychique et de ses avatars psychopathologiques. Avait-il renoncé à donner un exposé général de la méthode psychanalytique et une définition précise de ses objets ? On peut lier cette absence d’une méthodologie générale à la jeunesse de notre discipline, mais, il paraît plus intéressant d’y voir un problème de structure, qui touche la nature même des objets psychanalytiques, toujours insaisissables, situés sur un horizon jamais atteint car se dérobant au fur et à mesure de l’approche. Le recours à la notion de sérendipité pourrait-il nous aider à mieux comprendre les chemins que nous empruntons en quête de ces objets ? L’art du psychanalyste consisterait moins à viser un ou des objets, qu’à permettre un cheminement, à favoriser un processus, pour faire place à l’inattendu. L’objet de la méthode psychanalytique se confondrait ainsi avec le chemin parcouru, semblable au voyage des Trois Princes de Sérendip émaillé d’objets insolites, que le couple analytique a pour tâche d’observer et d’interpréter.

 

Jean-H. Guégan réagira successivement aux deux exposés avant que s’engage pour chacun d’eux la discussion générale.

2017            
samedi 14 octobre

Jenny Chomienne Pontalis
Éric Jaïs
Discutant : Miguel de Azambuja

Fondation Dosne-Thiers, 27, place Saint-Georges, 75009 Paris
De 14 heures à 17 heures 30.

L’événement

L’événement c’est « ce qui arrive ». Et c’est d’abord, pour certains, le début même de la cure analytique et le troublant décentrage du moi qu’elle opère – l’événement du premier entretien, un seul par cure malheureusement ! L’événement dans l’analyse, ce n’est pas simplement l’impact psychique d’un grand événement de la vie, comme le fait de tomber amoureux, comme l’arrivée d’un enfant ou un deuil. C’est ce qui arrive in situ comme irruption de l’inconscient.
Or combien de fois entendons-nous, pensons-nous aussi : « Rien ne se passe dans cette analyse ». Une phrase qui souligne l’incapacité de la cure à produire un événement et l’espoir de changement qu’il permet d’apercevoir. Au-delà de l’association présente depuis le début chez Freud entre événement et traumatisme, on peut se demander si le retour en force du modèle du trauma à partir de 1920 n’est pas une tentative de réponse aux impasses du traitement analytique. Quand la cure semble figée, quand « l’idée incidente » ne crée plus aucun incident, ses deux protagonistes peuvent alors attendre de la réalité extérieure qu’elle veuille bien produire l’événement que l’inertie du transfert ne permet pas.
Et parfois, effectivement, un incident en apparence minime qui survient dans la cure à partir d’un élément de réalité, est vécu comme un bouleversement, un ébranlement et prend valeur d’événement. Ce transfert-là, survenant justement à la place de l’idée incidente, est porteur de ce que la répétition a jusqu’alors agi sans parole : la tragi-comédie est interrompue par un événement réel, comme lorsque le feu éclate pendant une représentation théâtrale. Ce qui advient alors n’est-ce pas justement un fragment non remémorable de la vie sexuelle infantile ?

2017            
samedi 13 mai

Solange Carton
L’attente flottante

L’attente de l’événement psychique peut constituer une représentation-but de l’analyse. Ne rien attendre dans la séance – de connu ou d’écrit dans la théorie – pour qu’arrive l’inconnu en est une autre, grâce à l’attention flottante. Chez l’analysant, l’attente des retrouvailles d’un souvenir, ou le rejet de la théorie, sont susceptibles d’animer les résistances à la libre association. Dans les deux cas et différemment, elles freinent la reconnaissance de sa participation aux événements psychiques. De l’attention flottante et la libre association, idéaux théorico-cliniques nécessaires et impossibles, naissent des représentations d’attente.
À partir de fragments de cure, nous tenterons d’en suivre le fil, forgées à partir d’agirs transférentiels, de parole et hors langue, susceptibles d’infléchir la matière et les formes du souvenir.

 

Monique Selz
Le passé inaccompli : moteur de l’événement

Qu’est-ce qu’un événement ? Malgré toutes les interventions qui ont eu lieu cette année sur ce thème, il reste encore pour moi bien difficile de caractériser précisément l’événement, même si intuitivement, je peux reconnaître sa survenue et les effets produits par celle-ci.
Je me suis surtout interrogée sur la question de la causalité : doit-on considérer que tout symptôme relève d’une cause traumatique ? Tout en renonçant à sa neurotica, Freud n’a eu de cesse de rechercher un événement causal traumatique déclencheur de la névrose. Pourtant, la prise de distance avec une telle quête n’est-elle pas la condition pour que l’analyse puisse vraiment commencer ?
Par quelques exemples, je tenterai de montrer comment, grâce au transfert, l’événement dans la cure vient actualiser ce que j’appelle le passé inaccompli, soit un événement resté en suspens, faute de lieu pour s’accomplir.

 

samedi 4 février

Maria Marcellin
Heureux événement

Un événement peut en cacher un autre. Le transfert représente l’événement central et constitutif de la cure. Il est protéiforme et il tend à se dissimuler plutôt qu’à se manifester. Pour le patient dont je vous parlerai, il avait littéralement pris corps sous la forme d’une maladie somatique affectant des organes hautement symboliques.
L’analyste, de son côté, bénéficie-t-il d’une longueur d’avance ou bien est-ce toujours dans l’après-coup que les effets du transfert s’imposent à lui, à elle, avec toute leur force d’attraction et/ou de répulsion ?
Le travail de déliaison opère à travers la fragmentation du matériel psychique en petites quantités supportables afin que, mine de rien, quelque chose passe de l’un à l’autre des deux protagonistes de la cure.

 

Serge Franco
Un évènement sans histoire

Comme un reste des premiers travaux de la psychanalyse, il n’est pas rare d’entendre des patients dans une quête désespérée de l’évènement traumatique qui pourrait expliquer et par là même, guérir la souffrance psychique.
Du côté de l’analyste, l’appétence pour l’évènement, une grande mémoire des faits, de la généalogie et des dates, s’ils peuvent rassurer narcissiquement les patients, peuvent distraire l’écoute des petites quantités, des petites choses, et peuvent trahir la crainte de la passivité et du silence.
Enfin la narration des évènements peut nous piéger dans une écoute consciente qui ne relève pas de la « troisième oreille ».
Dans ma clinique j’ai pu ainsi remarquer combien l’évènement peut ne plus faire évènement, se figer, ne plus rien avoir d’une révolution dans le temps mais devenir son temps, sa limite et toute son histoire. Je tenterai de montrer à l’aide d’une cure, comment pour l’analyste et l’analysante, un dégagement de l’évènement, dégagement en lien avec la dynamique transféro-contre-transférentielle, a pu enfin se déployer sur plusieurs temps et espaces, et a permis un remaniement interne.

2016            
samedi 10 décembre

Karinne Guéniche
L’advenant, entre l’avènement du transfert et l’évènement d’une parole

L’advenant, entre l’avènement du transfert et l’évènement d’une parole – d’un côté comme de l’autre – tel sera l’angle et le setting de mon propos, situé donc dans un entre-deux. « Advenant » s’est imposé à moi, à propos de l’évènement, pour désigner, à la manière de Winnicott, le processus lui-même d’advenir dans sa dimension d’actualité vécue, dans sa dimension transférentielle. La transformation « d’advenir » en « advenant » souligne le caractère dynamique, processuel à l’œuvre. Un pari en même temps car, ce qui fait évènement dans la cure (et pour qui ?) est-il toujours le fruit d’un advenant ? En d’autres termes, quelles sont les conditions de possibilité de l’évènement d’une parole ? Et, à l’inverse, de quoi un non évènement de parole pour l’analysant est-il le nom ? La naissance du transfert et ses caractéristiques, peut-être d’ailleurs aussi celles du contre-transfert, seront appréhendées comme l’une des pierres angulaires constitutives de l’advenant.

 

Bernadette Ferrero Madignier
Un évènement de séance

« Aujourd’hui je viens pour la dernière fois. »
Chaque analyse est traversée par de nombreux évènements mais certains seulement saisissent l’analyste et précipitent l’inattendu du déroulement de la cure. Le récit d’une séance illustrera mon propos qui tente de différencier l’évènement analytique des autres évènements.Trois lieux d’inscription soumis à des temporalités différentes seront explorés : le déroulement de la séance et ses effets dans l’après-coup jusqu’à l’écriture après la fin de la cure.

samedi 15 octobre

Fanny Dargent
Anatomie d’un instant

Pas de spectaculaire : l’évènement se loge dans les détails (Kleinigkeit, littéralement : “petit truc”). Reste à penser ce qui donne à un détail sa qualité d’évènement. Ce qui arrive dans la cure, entre un patient et un analyste, se manifeste au cœur du langage, dans l’écart entre les récits faits (parfois de catastrophe) et ce qui se laisse deviner. Comment l’analyste qui écoute se débrouille-t-il pour faire surgir ce qui échappe ? À partir de fragments de cure, il s’agira de penser l’évènement, et son absence, à partir des notions de trace, de mémoire et de perception.

 

Paule Bobillon
D’un meurtre à une épiphanie : l’évènement psychique

Une représentation est refoulée parce que traumatique et traumatique parce que liée au sexuel infantile. Son refoulement est un meurtre de soi toujours à perpétrer et à se répéter sauf à advenir sous une forme nouvelle à la conscience, dans un procès de reprise de la subjectivation. Soumise dès lors au fonctionnement secondaire et à la temporalité, la représentation se constitue en évènement psychique ce dont témoignent les fragments cliniques choisis ou des éléments de la culture et de l’art, notamment picturaux.
Le caractère événementiel de la représentation conditionné par une levée du traumatique et la mobilisation d’un vécu encore jamais éprouvé renvoie aux questions soulevées par la première théorie freudienne du traumatisme et à la crainte de l’effondrement winnicottienne.
La nouveauté de la représentation au bénéfice de la cure interroge le processus de création en général et le détour par une production artistique, picturale promeut la figuration comme la représentation au rang d’évènement psychique. Mais leur rapport au nebenmensch les distingue et protège l’analysant là où elle expose l’artiste. Enfin, la représentation se révèle être tout autant que l’inconscient un schibboleth de la psychanalyse et lui confère un statut révolutionnaire.