Phénomène de société autant que drame individuel, la dépression interroge la psychanalyse. En effet, la conscience sociale qu’elle est une « maladie » banalise sa psychopathologie, alors qu’il faudrait la rapprocher de celle des états limites mais aussi de celle de l’adolescence. C’est ce que cet ouvrage se propose d’introduire.
De nos jours, la pathologie narcissique commence à être mieux connue, mais l’angoisse dépressive ne s’exprime jamais aussi bien que dans une subjectivité engagée dans le temps. L’étude de ces sujets narcissiques et dépressifs que la culture contemporaine semble « produire » permet de progresser dans cette pensée de la temporalité qui fait défaut à la psychanalyse.
Pour éclairer ce qui, entre névrose et psychose, cherche à échapper aux pouvoirs du langage, l’auteur recourt à la théorie freudienne de l’hystérie et en dégage certains aspects négligés, en particulier lorsqu’il s’agit de la relation, si souvent discutée, entre psychothérapie et psychanalyse.
Si l’approche clinique est privilégiée, la réflexion s’ouvre largement à d’autres disciplines que la psychanalyse, pour mieux saisir les thématiques de l’imaginaire dépressif dans la littérature (Dostoïevski, Mallarmé, Quignard), les logiques de la pensée fascinée par la mort (Nietzsche, la mythologie grecque) ou encore la façon dont Sartre élabore une phénoménologie du temps à partir de sa lecture de Flaubert et de sa propre adolescence.
Auteur : François Richard
Sous la direction de Pierre Fédida
Collection Voix nouvelles en psychanalyse
Parution : 12-1989