Sauvagerie

Mars 1999

“Et à l’entour, la silencieuse sauvagerie, enserrant
ce petit morceau défriché de la terre, me frappait comme
quelque chose de grand et d’invincible, tel le mal ou
la vérité, attendant patiemment (…)”
Joseph Conrad, Le Cœur des ténèbres

À un bout, une surprise : le sauvage de notre imagination, l’indomptable, le flamboyant est en fait asservi, pour ainsi dire colonisé, par les puissantes contraintes du tabou. À l’autre, des figures modernes de la sauvagerie : les grandes tueries organisées dans la complicité honteuse et que l’on répugne à désigner tant elles font de l’usage. Elles posent la question de l’inhumanité. Elles sollicitent le masochisme. Elles ne se disent pas en mots.
Pour lier, et à la fois séparer ces deux représentations, peut-être, le conflit psychique, entre pulsion sexuelle et refoulement. Et le fantasme qui, avec sa répétitivité compulsive, est un sauvage monotone et réactionnaire.
Le fond de la sauvagerie psychique : parce que je t’aime, je te hais !

 

Revue Le fait de l’analyse, n° 6, Autrement
Parution : mars 1999


Sommaire

Argument

Gens des bois
Pierre Bergounioux

Le petit primitif et l’enfant culturel
Laurence Kahn

Le sujet civilisé de la cure
Josef Ludin

Les marques de l’inceste
Robert Pujol

Violence, théorie
Antonio Alberto Semi

Le passage
Marie-José Célié

Aveuglement
Olivia Todisco

Pensées sauvages en quête d’abri
Salomon Resnik

Savage-Pictures
Tudor Parfitt

De l’originel sauvage au crime absolu
Georges-Arthur Goldschmidt

Bûchers de l’intelligence
Bernard Favarel-Garrigues

Trajectoires d’une entité
Élisabeth De Fontenay

Silvano Optimo Maximo
Cesare Poppi

L’Amérique de Pierre Perrault
Jean Imbeault

Fragments vers le natal
Edmundo Gómez Mango