Philosophie/psychanalyse

Dès le début du mouvement psychanalytique, les lignes de clivage pouvant amener à de grandes confrontations et scissions sont si nombreuses qu’il est même difficile de trouver une certaine continuité dans la constitution du corpus théorique de la psychanalyse. Nous pouvons considérer que chaque analyste, dans son parcours personnel, est amené à prendre contact avec chacune des tendances en conflit et à assumer une position à leur égard, parce que chacune d’elles représente une issue possible, à un certain niveau, d’une problématique conflictuelle intérieure à chacun de nous. Nous pouvons trouver dans la correspondance Freud-Ferenczi et dans la production théorique de ces auteurs une situation paradigmatique de prise de position qui nous touche et nous interpelle jusqu’à aujourd’hui. Les essais cliniques menés par Ferenczi pendant une grande partie de sa carrière, ses bilans critiques sur chaque étape de cette recherche, les remarques de Freud, parfois très âpres, à propos de quelques situations cliniques rapportées par Ferenczi nous font part d’une problématique parfois oubliée et même évitée par les psychanalystes des générations suivantes, à savoir, la place et l’importance de la théorie en psychanalyse. Dans la perspective de la relation Freud-Ferenczi, cependant, la théorie en psychanalyse, essentielle pour le développement de la psychanalyse, est la théorie de la clinique, de la technique. […]

Revue Le Coq-Héron, n° 168, Érès
Sous la direction de Michel Juffé et Fabio Landa
Parution : 16 janvier 2003