N°19 – 1995

Qu’est-ce qu’un acte sexuel ? Cette question doit permettre d’évaluer de quelle manière la biologie décrit la sexualité et de déterminer si la notion d’acte est pertinente pour caractériser ce que les théories anthropo­logiques, historiques, biologiques et psychanalytiques apportent à une connaissance du sexuel.
Toutes ces approches convergent en un point : l’acte sexuel est d’une part difficile à décrire directement, et d’autre part à la fois dangereux et spécifique de l’humain. Mais à partir de là les démarches divergent, tout en se recroisant parfois : la neurobiologie aborde la dangerosité comme une fragilité de la fonction sexuelle, liée à une complexité encore mal connue (et surtout dans la sexualité masculine) puisque les structures cérébrales intéressées par l’excitation et le comportement sexuels sont diverses, en interactions mutuelles et difficiles à étudier dans les cas dits normaux. Le point de contact entre la neurobiologie et la psychanalyse peut se définir à partir de ce que Freud nommait la source de la pulsion la biologie confirme que celle-ci est liée non seulement à un organe périphérique et à une excitation externe, mais aussi aux processus cérébraux complexes qui conditionnent le.désir sexuel lui-même. Pourtant, il n’est pas certain que, lorsqu’un neurologue mentionne une corrélation entre les substrats organiques et les divers niveaux psychiques et comportementaux intéressés dans l’acte, il puisse aisément s’accorder avec la notion freudienne de pulsion qui admet quatre éléments se réduisant difficilement à une problématique dualiste. […]

Revue Internationale de Psychopathologie, n° 19
Presses Universitaires de France
Parution : 06-1995