N°11 – 1993

Tel que nous en définissons le projet scientifique, notre Revue souhaitait accueillir et encourager des recherches animées par le souci de la problématisation des résultats, par l’inventivité des modèles théoriques ou encore par le souci de changer la rationalité des repères en usage dans la psychopathologie. Une recherche en ce domaine ne s’évalue-t-elle pas à la transformation de son objet initial et à la plasticité des modèles qu’elle met en oeuvre et dont elle contrôle rigoureusement la production clinique — voire expérimentalement clinique ? Et s’il s’agissait de parler encore de « fondation » ou de « re-fondation » de la psychopathologie (ces expressions restant discutables), il faudrait aujourd’hui justifier d’une logique des déplacements conceptuels entraînant la capacité d’un champ à s’étendre par un usage raisonné de l’analogie. Les critères de validité d’un raisonnement par analogie sont exigeants. On l’a déjà vu ici, notamment lorsqu’il s’est agi d’interroger la communicabilité des modèles entre sciences cognitives et psychanalyse ou encore entre psychanalyse et biologie/neurobiologie (on peut se reporter, en particulier, au n° 8/1992 largement consacré aux « modèles ») : l’analogie comporte une sorte d’ascèse intellectuelle si elle ne veut pas se satisfaire des effets de comparaison souvent purement nominale. Et la fonction de l’analogie doit servir, en fin de compte, l’imagination de nouvelles hypothèses respectant l’hétérogénéité des champs de recherche pouvant partager des partis pris épistémologiques communs. […]

Revue Internationale de Psychopathologie, n° 11
Presses Universitaires de France
Parution : 06-1993