
Organes : ogres de l’âme dans les gorges du corps
Michel Leiris
Pour l’hystérique, point d’anatomie mais les états d’un corps découpé par le signifiant : s’il y a bien une “complaisance” de l’organe à l’égard du symptôme (l’expression, quand on y songe, procure un sourd malaise), la langue fait la moitié du chemin. Entre notre matière et nos mots, quel contact ? Entre organe et parole, quelles influences ?
On serait tenté de poursuivre la liste : pour l’hypocondriaque, un trop d’organe (ou plutôt un trop de l’organe) ; pour le mélancolique, une négation qu’impose l’excessive douleur de l’organe psyché ; pour le paranoïaque Schreber, des nerfs comme des rayons de Dieu ; pour le pervers, des prothèses ; pour l’obsessionnel… ; pour le “sauvage”… Et pour l’enfant, et pour le rêveur : une toute puissance et un désir d’organe.
Pour chacun, l’identité obscure et le désordre, ambigu, de l’organe, par où l’on soupçonne que la mort viendra.
Revue Le fait de l’analyse, n° 5, Autrement
Parution : septembre 1998
Sommaire
Argument
Les viscères ou comment s’en débarrasser
Jackie Pigeaud
La valse des têtes
Jean Losserand
Organologie freudienne
Paul-Laurent Assoun
Lettre à une amie neurologue
Jean-François Daubech
Éloge de la paupière
Annie et Didier Anzieu
Le sang de l’hymen
Dominique Suchet
Les organes, corps et âme
Olivier Flournoy
Le cri du sexe
Patrick Merot
L’inconscient au corps
Martine Bacherich
Modification d’une anatomie
Laurence Kahn
Le peu de bras
Michel Gribinski
Image, organe, temps
Georges Didi-Huberman
Le ventre retourné
Philippe Comar
Le fruit de nos entrailles
Jean Clair
Par où commence le corps humain ?
Pierre Fédida