
Ce numéro tente de comprendre la nature inconsciente, les racines fantasmatiques de ce qui apparaît comme des manifestations passionnelles collectives de la modernité : la vengeance et le pardon. En donnant la parole à des psychanalystes, mais également à des acteurs de la réflexion sur le droit, la justice, la religion, la politique et l’histoire. Il cherche à cerner un changement sociétal, présent un peu partout dans le monde, et qui semble à certains prendre l’allure d’une régression culturelle sentimentale aux dépens d’une civilisation du droit et de la loi.
Ainsi voit-on les principes du droit effacés par les commissions « vérité et réconciliation » qui, à partir de l’expérience de l’Afrique du Sud, ont vu le jour en Afrique, en Asie, en Amérique du Sud. La « repentance » remplace comme par magie le déni et souvent l’ignorance même des faits, et récuse l’analyse historienne et ses conséquences – on ne reviendra plus sur la faute avouée.
Et si l’expiation sentimentale était, comme la vengeance, une cérémonie où, à son insu, la collectivité moderne, loin de lutter contre le mal et de le soumettre à une loi supérieure, en reconnaissait le pouvoir et s’absolvait elle-même de devoir y céder ?
Revue penser/rêver, n° 13, l’Olivier
Parution : 17-04-2008
Sommaire
Monique Chemillier-Gendreau – Retour de la vengeance et du pardon, tendances régressives du Droit moderne
Jeanne Favret-Saada – Vérités et réconciliations
Corinne Enaudeau – La rétribution
Janine Altounian – Se dégager de l’emprise des violences, sans pardon ni vengeance
Edmundo Gómez Mango – L’impunité, un crime perpétuel
Alain Boureau – Avoir du chien. Thomas d’Aquin et la passion impossible de la vengeance
Nathalie Zaltzman – Au tribunal du moi
Antonio Alberto Semi – Le village hongrois
Paola Camassa – Une vengeance exemplaire
Henri Normand – À quoi donc pensait Pfister ?
Daniel Widlöcher – Esthétique de la vengeance
Bertrand Hanin – Glossaire : Silence
Controverse :
Adam Phillips – Après Strachey
Trans :
Jean-Michel Rey – L’espace des langues
Journal :
Jean Imbeault – Le fils