Crises, fêlures, ruptures

Sous le titre Crises, fêlures, ruptures, nous avons réuni des textes disparates : non pas, comme il est d’usage dans L’Inactuel, parce qu’ils émanent de chercheurs et écrivains de différents champs de réflexion, mais en raison du fait que les moments et les lieux désignés comme « critiques » ne sont pas tous de même nature. Et cependant pour tous, crise il y a. Par les uns, sont pointées des crises ou ruptures de l’identité personnelle et de la question même de l’identité : dans la transgression pour Serge Moscovici, dans les rejetons de l’exil pour Janine Altounian. Pour Alain Touraine, la crise majeure est celle des rapports de l’individu et de la société, du politique et de la citoyenneté, de la culture et de la personnalité : phénomènes qui autrefois avaient donné lieu au développement des sciences humaines, et qui aujourd’hui les mettent elles-mêmes en crise.
Les psychanalystes qui, pour ce numéro, ont répondu à notre demande portent leur attention sur différents lieux de mise en question. Pour Pierre Fédida, c’est la dépression comme « névrose glaciaire », à inscrire dans le questionnement darwinien-freudien sur l’évolution phylogénétique de l’humain. Daniel Widlöcher réinterroge l’idée de communication inconsciente dans la cure, et y voit une source de renouvellement des conceptions de la pratique psychanalytique. Quant à Marc Nacht, il se penche une fois de plus sur la mise en crise du langage et du réel par la pulsion de mort.

Revue l’inactuel, n° 7, Calmann-Lévy
Parution : 01-05-1997