Patrick Merot


Dieu la mère

Il faut desserrer l’étau dans lequel les théories psychanalytiques traditionnelles, centrées sur la place du père, ont enfermé l’étude des religions. Or, l’expérience religieuse renvoie aussi au maternel : dans certaines religions – hors des monothéismes –, et de façon centrale dans les aventures mystiques.
Le livre développe cette proposition selon trois axes. Le premier est une relecture inédite des grands textes de Freud révélant qu’il a souvent approché cette dimension maternelle du religieux, sans pour autant pouvoir lui donner toute sa place. Le second explore des cas cliniques qui manifestent ce lien entre le maternel et le religieux. Le troisième est le témoignage troublant des mystiques : Bataille, et surtout Madame Guyon, admirable écrivain du XVIIe siècle.
En contrepoint de L’avenir d’une illusion de Freud, ce livre propose de prendre en compte ce qui, dans l’illusion religieuse, prend sa source du côté maternel. Il s’agit également de sortir du dualisme qui imprègne notre imaginaire et conduit à penser le spirituel du côté du père et du masculin, et à figurer le sensible du côté de la mère et du maternel. On retrouve alors la spiritualité du maternel.

Collection Le fil rouge, PUF.
Parution : 17 février 2014


Trace du maternel dans le religieux

L’Esquisse, avec les développements sur l’action spécifique, donne des clés pour comprendre ce qui s’inscrit chez l’enfant comme maternel, dans un moment où la question économique est au premier plan parce que l’enfant doit traiter des quantités massives.
Or il apparaît que cette dimension est centrale dans ce qu’on peut désigner comme religieux que l’on différenciera de la religion. La lecture de L’avenir d’une illusion et de Malaise dans la culture, permet de mettre en évidence combien, dans certains passages saisissants, Freud a pu s’approcher de très près de cette dimension du maternel, l’énoncer même, pour s’en détourner aussitôt, dans un contrepoint suspendu. Diverses raisons rendent compte de cela et d’abord le fait que Freud construit une théorie des religions – et singulièrement des religions monothéistes –, et non du religieux.
Dans la clinique et dans les écrits de certains mystiques – en prenant ici le témoignage de Mme Guyon –, on peut retrouver cette trace du maternel dans le religieux.
L’illusion religieuse, dont Freud nous invite à nous défaire, n’est pas du seul côté des pères et il faut pouvoir prendre en compte ce qui, dans l’illusion religieuse, prend source du côté maternel. C’est là une réflexion nécessaire, qui résonne avec des questions très contemporaines, pour pouvoir penser la place de l’illusion dans une existence véritablement humaine.

In Revue française de psychanalyse, tome 75, n°5, spécial congrès, Le maternel.
Parution : 11 janvier 2012


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