Miguel de Azambuja


Où étiez-vous ?

Dans les lignes invisibles de tout curriculum vitae, on trouve le récit de quelques rêves, l’émerveillement des premières lectures, l’histoire des apparitions et des disparitions qui ont forgé nos existences. Comment quelqu’un apparaît-il dans ma vie ? Comment quelqu’un en disparaît-il ? M. L. disait dans une séance qu’il avait réalisé, de manière soudaine, qu’il ne retrouvait plus son sourire : « Je ne comprends pas, c’est justement son sourire qui m’avait attiré en premier, son sourire ouvrait quelque chose en moi, ici, dedans. » Et il se touchait la poitrine. Son sourire, sa démarche, la courbe de seshanches, tous ces signes qui lui avaient permis de (re)trouver l’objet aimé désertaient désormais, dans un strip tease irréversible et cruel. Il a fallu se rendre un jour à l’évidence : la femme qu’il avait aimée avait disparu, et il partageait maintenant sa vie avec une inconnue. « Cela me faisait penser à une phrase de Rita Hayworth, déesse désabusée : They go to bed with Gilda, they wake up with me. »
On est saisi, avec l’auteur, par les apparitions et les disparitions, légères et graves, qui sont l’ordinaire de la séance d’analyse et – différemment – de la vie. On est saisi par leurs questions : où étais-je passé ? Pourquoi as-tu disparu ? Où étiez-vous ? Vous : le temps passé, nos rêveries, les personnes chères. Ce livre se lit aussi comme l’hommage discret et souriant de l’auteur à son ami J.-B. Pontalis.

Collection Connaissance de l’inconscient, Série Le principe de plaisir, Gallimard
Parution : 30-03-2017


Et puis, un jour, nous perdons pied

Voici le livre d’un psychanalyste qui ne prétend ni renouveler la métapsychologie freudienne ni fabriquer de nouveaux concepts. Son auteur a préféré nous inviter à l’accompagner dans sa promenade incertaine. Avec lui nous devenons des « détectives flâneurs ».
En cours de route, nous rencontrons Icare et le tableau de Bruegel : l’envol et la chute – c’est un des thèmes du livre –, mais aussi des héros de l’Iliade comme Achille et Hector, et, plus surprenant, des personnages de films, de dessins animés, de récits de science-fiction, ou des écrivains chers à l’auteur comme Cortázar, Walter Benjamin, Sebald.
« Je pense à ceci », « Cela me fait penser à… » : la pensée avance sur un mode associatif, non linéaire, et du coup suscite chez le lecteur d’autres associations.
Freud n’est pas absent – ce qu’il nous a appris sur la fonction de l’idéal, sur le deuil, la perte, la douleur – ni les séances d’analyse quand le sol se fissure et semble trembler sous nos pieds.
La légèreté et la gravité peuvent aller de pair, souvenons-nous de la démarche, proche de la danse, de Gradiva, pour peu que le style de l’écrivain, à la fois délicat et ferme, soit au rendez-vous.

Collection Bibliothèque de psychanalyse, Série Tracés Gallimard.
Parution : 25-03-2010


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