Jean-Michel Hirt


Paul, l’apôtre qui “respirait le crime”

Pulsions et Résurrection

Quand Luc, l’évangéliste et le rédacteur des Actes des Apôtres, écrit à propos de Paul de Tarse, son ami, que ce dernier, avant sa “conversion”, “respirait la menace et le crime” (Actes 9, 1), il faut l’entendre. La violence de Paul n’est pas un vain mot, lui qui, de persécuteur des adeptes
de Jésus, deviendra son apôtre autoproclamé, mettant au service de sa nouvelle cause encore plus d’énergie qu’auparavant. Ses Épîtres, qui ont changé la face du monde, sont ici lues à la lumière de la psychanalyse et de l’imagination créatrice qu’elle libère. À suivre le chemin de Paul, il devient possible de comprendre comment la vie pulsionnelle, de par sa plasticité, irrigue la vie spirituelle d’un individu mémorable. Loin de ne concerner que la religion, l’expérience de ce saint homme est à même d’éclairer un lecteur, croyant ou non, sur les capacités du psychisme à subvertir la violence pulsionnelle et à la mettre au service de la construction du vivant.

Actes Sud Sciences humaines
le Souffle de l’esprit
Parution : octobre 2014


La dignité humaine

Sous le regard d’Etty Hillesum et de Sigmund Freud

L’époque est troublée : les mutations anthropologiques sont si contraignantes qu’un nouveau concept juridique, la dignité humaine, a fait son apparition. Si le droit en fait un usage intensif, c’est dans la mesure où face aux excès des Etats criminels comme aux avancées des biotechnologies, il a besoin de fixer les limites entre l’humain et ce qui ne le serait plus. Chacun pressent que la dignité n’est pas une notion objective.
Son invention est nouée aux religions monothéistes et aux inflexions que la philosophie d’abord, la psychanalyse ensuite, lui font subir. L’aspect psychanalytique de la dignité humaine sera ici privilégié. Comment la dignité serait-elle compatible avec la sauvagerie de la vie psychique ?
L’auteur met en tension les travaux de Freud, sur la religion et la culture, avec les écrits d’Etty Hillesum qui, dans les trois années précédant son extermination à Auschwitz, se livre à une réflexion, au bord de l’abîme, sur la destructivité liée au « destin de masse ». Grâce à la révolution psychique qu’elle effectue, il devient possible de résister en tant qu’individu singulier à l’emprise des masses sur l’esprit, de construire l’humain en chaque homme, rien n’étant acquis à cet égard par la seule appartenance à l’espèce humaine.

Collection Espace du sujet, Desclée De Brouwer.
Parution : 7 décembre 2012


Le voyageur nocturne

Lire à l’infini le Coran

Ce livre est une navigation à travers l’océan du Coran, cette oeuvre universelle mais trop peu connue, voire suspecte, en Occident. Beaucoup se demandent si le texte coranique apporte quelque chose de plus au message monothéiste de Moïse et Jésus. Or le Coran énonce un discours sur les prophètes, depuis Adam jusqu’à Muhammad, qui prolonge et diffère de celui de la Bible. En partant, tel l’Ismaël de Moby Dick, à la recherche de la signification d’un ouvrage où se jouxtent et rivalisent prophétie et poésie, le lecteur est invité à un voyage spirituel. Ainsi s’invente un chemin pour mieux approcher le dessein de l’islam, en tant que rappel des révélations antérieures et leur recommencement infini. A l’heure où les religions sont instrumentalisées pour faire la guerre, où l’oiseau Simorgh, ce symbole divin, devient le nom d’une fusée iranienne et Abraham celui d’un char israélien, découvrir les enjeux prophétiques proclamés par le Coran est un acte de pensée contre la haine et l’ignorance.

Collection Culture et religion, Bayard.
Parution : 5 avril 2010


L’insolence de l’amour

Fictions de la vie sexuelle

L’amour demeure pour la plupart des individus une aventure, une énigme et une confrontation : aventure de la rencontre, énigme de la sexualité, confrontation entre l’attente des corps et les exigences de la chair.
En s’attachant aux discours sur l’amour – celui construit par Freud mais aussi celui de la Bible et du Coran, de Shakespeare, de Baudelaire ou de Bataille –, Jean-Michel Hirt dévoile une perspective érotique nouvelle, qui rassemble la sensualité et la tendresse, mais aussi le troisième courant – méconnu, souvent occulté – qui irrigue la vie amoureuse : la cruauté.
Insolemment, l’amour dérègle les boussoles de l’identité sexuelle et disperse les illusions narcissiques. La question est de savoir jusqu’où chacun est capable d’aller dans le voyage auquel il invite.

Albin Michel, janvier 2007


Les infidèles

S’aimer soi-même comme un étranger

Cet essai interroge les conditions de l’amour de soi-même dans un temps où le goût du néant et de la destruction fait rage : comment s’aimer afin d’aimer et d’être aimé ? Comment aimer l’étranger en soi-même plutôt que de le haïr ou de se haïr ? Il prend appui, pour cela, sur l’histoire et l’oeuvre de quelques écrivains du siècle dernier, bien peu en accord avec leurs contemporains, rebelles à toute classification : leur originalité repose sur un style d’écriture qui n’appartient à aucun genre littéraire spécifique.
Ecrivant à partir d’un éloignement volontaire avec leur terre natale ou leur milieu d’origine, comment ces infidèles qu’ont choisi d’être Thomas Edward Lawrence, alias Lawrence d’Arabie, Louis Massignon l’orientaliste islamo-chrétien, Victor Segalen l’exote sinisé et Simone Weil la mystique athée, eux qui tous ont partie liée avec l’exil, l’excès et le religieux –, ont-ils déjoué les destins qui les attendaient ? Comment ont-il fécondé leur langue maternelle par l’apport d’autres langues et noué leur vie à la rencontre de l’étranger, dans la diversité de situations marquées par l’ombre des guerres et des génocides du XXe siècle ?
Tous ont développé, « en un temps de détresse », des stratégies amoureuses de soi et de l’autre en devenant infidèles à l’avenir assigné par la filiation et les conventions sociales, et en refusant de sacrifier autrui à leurs intérêts personnels ou nationaux.
Tous ont cherché à construire leur destinée, grâce à la rencontre d’une autre culture que la leur, chacun convergeant ainsi vers le secret de lui-même.
Si l’infidélité de l’esprit est leur caractéristiques commune, chacun a décliné la rupture et la joie qu’elle implique dans sa chair et dans sa psyché. « L’infidèle, écrit Jean-Michel Hirt, est cet homme de désir à la recherche d’une dimension en lui-même que seule la rencontre de l’hôte étranger lui révèle. »

Grasset, 16 avril 2003


Vestiges du dieu

Athéisme et religiosité

Quel est le sens de l’athéisme de Freud ? Opinion privée ou conviction que la psychanalyse ne peut pas plus échapper à une rationalité que la physique ? Ou encore l’athéisme revendiqué par Freud témoignerait d’une conquête singulière sur l’emprise de la religiosité et les illusions qu’elle suscite ?

Mais cette exigence athée a paradoxalement été soutenue par certains croyants, telle la philosophe Simone Weil, si soucieuse d’une « mécanique spirituelle » qui ne se construirait pas au détriment de la raison. La « marque de force d’esprit » que Pascal distinguait dans l’athéisme, de quoi est-elle faite et comment des écrivains comme Baudelaire ou Sade en livrent-ils le secret ?

Aujourd’hui peut-être, alors que la culture en ce siècle a été si souvent bafouée par les débordements de cruauté au nom d’une idole, le temps serait venu de discerner dans l’oeuvre de Freud les éléments qui permettent de rendre compte de l’inexorable religiosité du psychisme et de sa conséquence : ce « pas hors du rang des meurtriers » que chacun est requis de penser.

Grasset, 18 février 1998


Le miroir du prophète

Psychanalyse et Islam

L’Europe est aujourd’hui plus que jamais confrontée aux pays du monde arabo-musulman. Quel dialogue peut s’instaurer entre une culture judéo-chrétienne et une autre islamique, entre le dispositif freudien et l’inconscient musulman ? L’Islam, en tant que culture religieuse articulée autour d’un livre saint, met en place une organisation originale qui permet la constitution du sujet. Pour autant, Le Miroir du prophète n’est pas une simple étude théorique. Jean-Michel Hirt appuie son propos sur quelques situations cliniques qui affectent des personnes d’origine musulmane vivant en France. A travers les éléments de plusieurs histoires individuelles, il met en évidence l’interaction entre psychique et culturel.

Grasset, mars 1993


Algarades

Roman

Éditions de l’Équinoxe.
Parution : 1984.
Réédition : 13 mars 2003


Autres publications de Jean-Michel Hirt