Françoise Couchard


Le fantasme de séduction dans la culture musulmane

Ce livre s’appuie sur un choix théorique pluridisciplinaire : il met en regard psychanalyse, anthropologie et sociologie : se fondant sur un matériel clinique, il privilégie une parole souvent escamotée dans les études sur le terrain : celle des femmes. L’auteur a choisi une culture, celle de l’Islam, lieu d’affrontement conflictuel par excellence entre des modèles traditionnels et des modèles  » dits  » modernes, pour y mettre à l’épreuve son hypothèse : l’inconscient humain est structuré par des invariants et chaque culture invente, peaufine des modèles identificatoires, des créations institutionnelles, qui s’avèrent être des réponses des plus complexes aux questions posées par l’énigme des fantasmes originaires : séduction, castration et scène primitive.

Ainsi, des institutions telle que la polygamie ou une coutume comme celle de l’infibulation du sexe féminin répondent en partie à cet imaginaire qui se trouve également dans les mythes de toute culture. Complexité, contradictions, retournement en son contraire, injonctions paradoxales, caractériseront la plupart de ces réponses, et partant les modèles culturels présidant à l’éducation, plus particulièrement à celles des filles.

Au cœur du conflit qui marque tout changement d’une société, ici islamique, la femme occupe la première place : une mère qui prescrit aux enfants des deux sexes ses modèles éducatifs, la fille, figure exemplaire d’une séduction énigmatique pour les frères et pour le père, l’épouse, enfin, qui peut imposer à l’homme une réconciliation entre les images féminines autrefois scindées : celle de la génitrice et celle de la femme désirable.

Collection Sociologie d’aujourd’hui, PUF.
Parution : 5 mai 2004


L’excision

La coutume de l’excision, castration totale ou partielle qui touche des millions de fillettes à travers le monde, a fait l’objet de nombreux débats depuis le début du XIXème siècle. Elle est au cœur d’une controverse opposant les tenants du respect des particularismes culturels et ceux qui défendent l’universalité des « valeurs » humanistes, dont les droits de l’enfant et le respect de l’intégrité corporelle.
Illustrant son propos par des entretiens avec des femmes excisées mais aussi avec les pères et partenaires sexuels de ces femmes, l’auteur retrace l’historique de cette coutume, expose les différentes formes de l’excision, analyse ses fonctions et conséquences psychologiques, sociologiques et symboliques et montre comment la disparition de cette pratique ne peut survenir que de l’intérieur, par la scolarisation des femmes.

Collection Que sais-je ? , PUF.
Parution : 10 octobre 2003


Phobie et paranoïa

Étude de la projection

La mise en perspective de la phobie et de la paranoïa – dont l’association pourrait spontanément paraître provocante – relève à la fois des données de la clinique et des apports de la métapsychologie freudienne et post-freudienne. Elle tient au pivot commun auquel s’arriment les différentes organisations psychiques, c’est-à-dire au noyau constitutif que représente la projection.
Ce concept traverse toute l’œuvre freudienne, et toute la clinique psychanalytique et psychopathologique, car comment représenter l’appareil psychique sans se référer à la dialectique du dedans et du dehors et aux mécanismes qu’elle engendre, comment penser le fonctionnement psychique humain sans y intégrer la projection ?
Cet ouvrage à trois voix rend compte et témoigne de l’extrême richesse du concept de projection et de la diversité concomitante des manifestations psychiques qu’il est susceptible d’articuler.
Dans la première partie, le repérage psychopathologique de la phobie et de la paranoïa permet d’en saisir les traductions et associations plurielles dans le registre de la névrose et de la psychose.
La seconde partie s’attache davantage à l’actualité clinique de la projection et à son interprétation à partir des travaux post-freudiens.
La troisième partie s’attache exclusivement à la paranoïa et en présente une approche épistémologique, en la considérant notamment comme une clinique de l’individuation.
La place de la paranoïa dans la psychopathologie contemporaine, l’essence passionnelle de la psychopathologie morale soulèvent la question de l’autre interne et de la genèse de l’intersubjectivité.

Avec Joël Sipos et Mareike Wolf.
Série Psycho sup, Dunod.
Parution : 2 avril 2001


La psychologie clinique interculturelle

La psychologie clinique interculturelle est née de la nécessité d’articuler l’étude du fonctionnement psychique aux contextes culturels. Elle met en jeu des champs différents, parfois contradictoires ( psychanalyse, sociologie, anthropologie ), tant sur le plan des modèles théoriques que de la méthodologie utilisée.
Cet ouvrage présente cette longue et difficile naissance, en soulignant que la prise en compte des notions d’égalité, de droits de l’homme ou de la notion d’« étranger », est une étape cruciale dans la construction de cette psychologie. L’auteur analyse ensuite la façon dont elle peut éclairer les débats actuels autour du multiculturalisme et insiste sur la nécessité de rester en éveil sur les spécificités de la relation transférentielle et contre-transférentielle en œuvre dans la recherche ou la pratique de la psychologie clinique interculturelle.

Collection Les topos, Dunod.
Parution : 18 mars 1999


Emprise et violence maternelles

Étude d’anthropologie psychanalytique

La figure des mères rendues folles par leur maternité, de mères meurtrières, fait partie intégrante de notre culture depuis que la démesure ( l’hybris ) de la mère antique se déploie dans les tragédies grecques. Et pourtant la psychanalyse, comme les idéologies « maternalistes », a tendance à gommer cet aspect archaïque de la mère, et à déplacer l’origine de l’agressivité du côté de l’enfant.
Certes, la confrontation avec l’emprise et la violence maternelles nous pousse vers des abysses angoissants dès lors que s’y profile l’ombre d’une mère maltraitante. Mais le livre de Françoise Couchard nous rappelle combien les limites entre un amour éperdu pour l’enfant et une emprise violente à son endroit sont fragiles.
L’auteur analyse les mécanismes pouvant conduire la mère au meurtre de l’enfant quand elle ne supporte plus qu’il lui échappe ou ne lui ressemble pas suffisamment. Les comportements d’emprise et de violence – et particulièrement dans la relation mère/fille – s’ancrent, dès l’enfance, sur l’imposition de modèles préformés et se poursuivent durant la puberté par l’effraction dans le corps, le sexe et les contenus de pensée.
La perspective psychanalytique, illustrée de nombreux cas cliniques, est ici enrichie d’emprunts à l’histoire des mentalités et à l’anthropologie.
A l’occasion de cette seconde édition, l’auteur explore comment les progrès des technologies médicales – plus particulièrement sur la procréation -, ainsi que l’évolution des mentalités et des lois sur le couple et sur la famille ont pu, depuis une dizaine d’années, modifier la figure et les fonctions maternelles. Elle analyse également l’impact de ces facteurs sur les fantasmes originaires et les mythes sexuels.

Collection Psychismes, Dunod.
Parution : 1er mars 1993, réédition en 2003


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