La distance est grande entre les discours tenus sur la toxicomanie et l’expérience clinique que le psychanalyste acquiert de certains cas d’addiction toxicomaniaque dans sa pratique psychothérapique. Cette distance pourrait être négligée si le patient ne se trouvait pas lui-même pris dans la logique d’une pandémie sexuelle. Et le thérapeute peut-il échapper aux représentations de cette logique ?
L’expérience psychothérapique auprès des toxicomanes n’ignore rien des difficultés spécifiques – particulièrement graves – de la dépendance à une drogue. Et elle ne méconnaît pas non plus les apports de la biologie clinique sur les déficiences des défenses immunitaires. Il s’agit pourtant aujourd’hui de ne rien lâcher de l’exigence psychanalytique avec des patients réputés inadéquats à la cure analytique. La clinique se laisse donc transformer par l’expérience de ces cas difficiles et les modèles théoriques subissent les nécessaires remaniements que leur imposent des découvertes de fonctionnements psychiques jusque-là difficilement compris.
Ce livre constitue une réflexion informée et rigoureuse issue de la pratique analytique. Il entend proposer sous quelles conditions – à la fois théoriques et techniques – la psychothérapie est possible avec des cas qui traversent la nosographie psychiatrique et désorientent les oppositions classiques entre névroses, psychoses et perversions.
Auteur : Sylvie Le Poulichet
Collection Voix nouvelles en psychanalyse
Parution : 11-1987
Sommaire
Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE PREMIER – Théories et toxiques
A – Une psychologisation secondaire des concepts analytiques
- 1 / De la passion à la pharmacodépendance – 2 / Des synthèses pychosociologiques – 3 / Des stéréotypes érigés en traits cliniques.
B – L’héritage des « poisons de l’esprit »
- 1 / Folies et toxiques – 2 / L’ ambiguïté du toxique – 3 / La circularité du toxique.
C – « La toxicomanie » comme théorie, 3 r
- 1 / Un impératif de représentation du « drogué » – 2 / D’une « communication » des toxicomanes avec leur propre concept médico-légal.
CHAPITRE II – Du corps engendré par l’opération du pharmakon
A – Le membre fantôme
- 1 / Fiction d’une satisfaction hallucinatoire – 2 / Une errance somnambule.
B – Une « suppression toxique » de la douleur
- 1 / Le circuit de la douleur – 2 / Le traitement de la douleur.
C – Le principe du pharmakon à l’œuvre dans les toxicomanies
- 1 / Un principe de réversibilité – 2 / « Opération du pharmakon » et usage de drogue.
D – Un corps qui ne serait pas perdu
CHAPITRE III – Statut du corps et du toxique dans le trajet freudien
A – De « l’organe psychique » à l’hypnose : le « toxique » n’est pas la drogue
- 1 / Un excès dans « l’organe psychique » – 2 / La magie des mots sur le corps – 3 / L’addiction à l’hypnose.
B – L’intoxication dans les névroses
- 1 / Les rêveries comme « corps étrangers » – 2 / Du corps anatomique au corps érogène – 3 / Retour d’une théorie de l’intoxication : la sexualité comme toxique – 4 / De la machine au rêve.
C – La toxicomanie « doit avoir raison »
- 1 / Un paradoxe pour le toxique – 2 / Le toxique comme « inconnue ».
CHAPITRE IV – Une autoconservation paradoxale
A – Création de foule et engendrement de lésions
B – Une lésion qui « conserve »
C – L’opération du pharmakon comme « formation narcissique »
CHAPITRE V – Le désir en suspens ou la raison des toxiques
A – Toxicomanies et suppléance
- 1 / Un traitement de « la machine » – 2 / Toxicomanies et psychoses – 3 / Une partielle ouverture à la jouissance – 4 / Des corps en « foule ».
B – Toxicomanies et supplément
- 1 / Des « prothèses » narcissiques – 2 / Le « pharmakon » pour un deuil impossible – 3 / Un « corps chimique » réglant les « appareils».
CHAPITRE VI – D’un impossible « traitement de la toxicomanie » à l’élaboration du transfert
A – Le thérapeute et l’alchimiste
- 1 / De l’utilisation de la drogue à la place du toxique – 2 / Quelle abstinence ? – 3 / Quel transfert ?
B – Instaurer une« scène»
- 1 / Le creusement de la demande – 2 / Une formation hallucinatoire dans la parole.
a / Des formations de dépôt – b / Une parole qui dit le corps transparent – c / L’espace vide du secret.
C – Transfert et trajets pulsionnels : quand le corps vient se faire dans l’Autre
Conclusion
Bibliographie des ouvrages cités
Bibliographie complémentaire