Freud et le destin

Le destin ne fait pas partie des concepts de la psychanalyse et encore moins de son langage quotidien. Et pourtant… Freud écrivait en 1926 que la chose la plus difficile pour les psychanalystes n’était pas tant le fait d’analyser, que d’avoir à faire avec le destin des êtres humains. Sous la forme de représentation causale de sa propre existence ou faillite de celle-ci, recherche d’un idiome personnel ou perception d’une répétition qui se déroule au-delà du principe de plaisir, le destin occupe ainsi un statut ambigu. Ambigu et à tenir sous contrôle, mieux, en marge. Non seulement pour la survie de la psychanalyse (qu’aurait-on pu dire, penser, faire, « face à la force du destin » ?), mais aussi pour maintenir vivant le caractère énigmatique, inquiétant de l’interrogation du destin comme représentation d’un décentrement subjectif. Il s’agissait donc de reparcourir l’œuvre freudienne à la recherche d’un cryptoconcept, d’une figure aux caractéristiques changeantes et contradictoires, mais, pour définir le sens et les risques que la prise en charge du destin dans la dimension théorique et clinique comporte pour l’événement psychanalytique même. Il en découle une lecture de l’histoire de la psychanalyse qui montre comment la toile de fond des débats et des ruptures affrontées par les pionniers était justement constituée d’une telle question, une sorte de spectre des origines que ce livre a l’ambition de faire émerger.

Auteur : Maurizio Balsamo

Collection Voix nouvelles en psychanalyse
Parution : 09-2000


Sommaire

Introduction

Chapitre un. — Duplicité d’un thème

  •   Actualité du destin
  •   Un concept en marge

Chapitre deux. — Les noms du destin chez Freud

  •   Histoire de la langue

Chapitre trois. — Freud, entre culture classique et judaïsme

  •   La double origine
  •   Mystique et destin
  •   Tradition et destin
  •   Le judaïsme comme appel : le mandat du père Jakob

Chapitre quatre. — Schicksal ou Anankè ? Les sources culturelles

  •   La culture grecque : figures du destin
  •   La Grèce orientalisée
  •   Hegel, le destin et le tragique
  •   Antique et moderne
  •   Présence de Schopenhauer
  •   Nietzsche et la question des Schicksalsdramen

Chapitre cinq. — Freud et le tragique

  •   Le tragique et la tragédie
  •   Le tragique chez Freud

Chapitre six. — L’évolution du tragique

  •   Personnages psychopatiques à la scène
  •   Grillparzer et les Schicksalsdramen : l’irreprésentable du destin
  •   L’inquiétant

Chapitre sept. — Freud, Fliess et le destin comme Witz,

Chapitre huit. — Jung, l’emprise paternelle et le destin d’un manuscrit

Chapitre neuf. — Psychopathologie de la vie quotidienne, déterminisme, causalité

  •   La circulation des monnaies
  •   Causalité et déterminisme
  •   L’effacement de la causalité dans les théories psychanalytiques actuelles

Chapitre dix. — L’anatomie comme destin

Chapitre onze. — Le destin comme fondement épistémique

Chapitre douze. — Le destin comme reste de la théorisation

  •   Destin et névrose de destin
  •   Faute et transmission surmoïque
  •   Limites de la psychogenèse
  •   Modèles du destin
  •   Un exemple clinique
  •   Écrire le déjà écrit
  •   Pulsions et destins de pulsions
  •   Destin comme activité synthétique

Chapitre treize. — Réouvrir un destin

  •   Destins de la pulsion, destins de la transmission
  •   La « marche du destin »
  •   Penser le destin

Conclusions

Bibliographie