Les analystes de l’APF à Lyon

samedi 10 mars 2018

de 13h30 à 18h30
Château de Monchat
Place du Château
69003 Lyon

S’opposer

“I would prefer not to” « je préfèrerais ne pas »

Quelques fois – ainsi que Bartleby avec son affirmation négative – s’opposer, immobilise l’objet autant que le sujet, ralentit le mouvement de la vie, décourage les investissements. L’opposition – opposition adressée ou opposition interne – est surtout une opposition suspendue entre vie et mort.

D’autres fois l’opposition est tapageuse. Elle semble prendre le parti de la destruction. Elle donne voix à la haine mais aussi à l’amour qui tout autant la nourrit. L’enfant opposant, l’adolescent révolté, l’amoureux agressif, ou toutes les formes de subversion contre l’ordre tyrannique cachent mal derrière la violence ou l’acharnement à détruire la demande et la plainte adressées au monde insatisfaisant et menaçant.

Vie et mort ; amour et haine. Peut-on dire alors, que s’opposer est un mouvement double ? La colère de l’enfant œdipien, le refus de l’anorexique, la réaction thérapeutique négative ou même le négativisme psychotique témoigneraient-ils chacun à leur façon des diverses modalités qu’Eros et Thanatos trouvent pour se lier en en dévoilant l’échec ? L’opposition au changement serait-elle l’autre face de l’attachement intraitable aux premiers objets ; et l’affrontement « à mort » serait-il la victoire d’un désir incoercible ?

C’est le paradoxe du cri d’Antigone. L’intransigeance de son désir dans l’opposition révoltée contre l’ordre inique de la cité n’est-il pas au service d’une aliénation interne qui conduit sans frein à l’accomplissement incestueux dans la mort ?

Un tel paradoxe réside, silencieux, au plus profond de toute vie psychique, dans ses fondements les plus secrets où chaque progrès, toujours, s’initie par une opposition, mais où chaque mouvement semble rencontrer l’obstacle d’une force contraire rappelant que « quelque chose dans la pulsion s’oppose à la pleine satisfaction ».

Cette modalité économique où tout progrès nourrit sa propre opposition, reste le prototype des avancées de la vie psychique. Ainsi dès l’origine le refoulement promeut l’inconscient par des contre investissements. Et si ceux-ci montrent le chemin aux sublimations et donnent un ancrage au futur surmoi, ils ouvrent également la voie aux formations réactionnelles qui se fixent dans le caractère et s’opposent au mouvement de la vie.

L’opposition se résout dans des substitutions, depuis le secret et le mensonge de l’enfant nécessaire à sa pensée propre jusqu’à la négation dans la cure qui signifie l’acceptation de la levée du refoulement. De même le transfert, levier du traitement, peut devenir l’agent de la résistance et s’opposer à la mobilité des transformations psychiques. Et c’est pourtant encore avec une opposition qu’est assurée la possibilité de la cure analytique quand l’analyste oppose le refusement à la réalisation transférentielle.

S’opposer, un acte psychique nécessaire à la mesure du détour que la vie impose à la mort.

 

Comité d’organisation :
Loïc Brancart, Françoise Dejour, Marie Dessons, Françoise Laurent, Claire Petit, Dominique Suchet

Intervenants :
André Beetschen, Solange Carton, Françoise Dejour, Bruno Reboul

En présence de Leopoldo Bleger, Président de l’APF
et d’André Beetschen, Secrétaire scientifique de l’APF

Renseignements et inscriptions :
24, place Dauphine, 75001 Paris
tél : 01 43 29 85 11,
courriel : lapf@wanadoo.fr