
de 9h à 18h à l’ASIEM
6 rue Albert de Lapparent
75007 Paris
La folie de la norme
La psychanalyse a révélé la singularité de la sexualité humaine, son enracinement dans un sexuel infantile irréductible à toute norme : l’enfant est un pervers polymorphe. Lacan en soulignera l’effet social : « il y a des normes sociales faute de toute norme sexuelle ».
Avec l’Histoire de la folie, Michel Foucault inaugure sa réflexion sur les normes à partir des limites de la raison. La raison a besoin des normes, de l’exclusion, du négatif qui font apparaître la folie en la délimitant, en l’enfermant. Mais à se situer du côté du pouvoir et de ses excès, la norme peut servir cette folie qui réduit tout individu à un sujet, assigné par l’ordre politique, économique, juridique, symbolique à une place qu’il n’a d’autre choix que d’occuper. Le champ des normes ne cesse de s’accroître et de se complexifier. L’idéal d’autonomie en tant que faculté d’agir librement, qui présidait à la critique salutaire des normes, tend à devenir une norme à son tour, jusqu’à la tyrannie, au risque de laisser l’individu dépressivement seul avec lui-même.
Une jeune fille, au bras de la femme qu’elle aime, rencontre malencontreusement son père et croise son regard : immédiatement après elle tente de se suicider. Ses parents, résolument opposés au choix homosexuel de leur fille, s’adressent à Freud afin qu’il ramène leur enfant « à la norme ». Cette histoire est-elle si datée ? La psychanalyse n’a d’autre règle que celle de la libre association, mais échappe-t-elle toujours pour autant à une normativité insidieuse ?
Un père exprime ainsi à un analyste son souhait pour son fils mutique : « Faites qu’il parle comme tout le monde et qu’on n’en parle plus ! » Folie de la norme, folie qui se niche dans la norme. Joyce Mc Dougall a décrit ces personnes affligées de normalité, qui ne trouvent d’autre issue à leur « folie » que des troubles somatiques graves. Il n’est pas rare que la normalité, érigée en idéal, masque une folie privée.
La psychanalyse est fondamentalement à l’écoute de la marge, du détail, du déchet, de ce qui, d’emblée ou après-coup, s’est trouvé exclu du champ de la conscience mais dont le retour, sous la forme de la pulsion et de son exigence, fait souffrir et jouir celui qui s’adresse à un psychanalyste. On reproche parfois à la psychanalyse sa normativité, le malentendu ne s’installe-t-il pas quand le complexe d’Œdipe est seulement entendu comme une crise normative, et qu’est méconnue sa face hors normes, sa combinaison de désirs incestueux et meurtriers indifférente à la différence des sexes comme des générations ?
La folie de la norme invite à une journée de questionnement au carrefour des sciences sociales, du droit et de la psychanalyse.
Renseignements et inscriptions :
24, place Dauphine, 75001 Paris
tél : 01 43 29 85 11,
courriel : lapf@wanadoo.fr